2019/04/16
2019/04/15
La course aux mots
Je viens de finir une nouvelle érotique. Après avoir terminé
un texte pour enfant, j’avais envie d’écrire un texte moins exigeant, un truc
pour me faire plaisir. Finalement, la rédaction de cette nouvelle entre guillemets
a été laborieuse, un peu comme d’hab’. Plus je vieillis plus j’éprouve des
difficultés pour écrire. J’ai du mal à me concentrer et je cherche de plus en
plus mes mots. Là où d’autres alignent les phrases en se frisant les moustaches,
moi je rame pour en écrire une seule, galérien du stylo que j’utilise de moins
en moins. Attention, je ne sous-entends pas par-là que les écrivains au clavier
trépidant (j’ai hésité avec : à la plume intrépide) produisent des œuvres
de moindre qualité que les miennes, je dis juste que j’ai compris que je
n’appartenais pas à cette espèce formidable (la plupart des écrivains dont
j’aime les textes sont des graphomanes, j’en parlerai plus tard). Aussi,
lorsque je travaille, je ne me fixe pas de nombre de mots à écrire, ce genre
d’objectif me flingue. Si je me dis bon là, coco, tu es parti pour 500 mots (un
objectif équivalent au remplissage d’une carte postale pour les prolifiques),
je sais que je ne vais pas y arriver, au bout de deux phrases, je perds mon
courage, je me liquéfie, me traite de minable et à la fin, échouant dans mon
entreprise, ai le sentiment d’avoir fait de la merde (ce qui n’a aucun rapport,
je sais, mais c’est comme ça). Voilà sans doute pourquoi je n’éprouve aucune
satisfaction au nombre de mots ou de pages que j’ai réussi à écrire au bout
d’un certain temps plutôt long en général. Une part de moi sait que cette
comptabilité m’empoisonne et joue sur mes humeurs. Si, pour avancer, certains
ont besoin de s’astreindre à écrire au quotidien une certaine quantité de mots,
je sais qu’avec moi cette méthode ne fonctionne pas. Pas la peine de me
torturer donc. J’en chie déjà bien assez comme ça.
C’est tout pour aujourd’hui.
2019/04/12
9. La proposition (qui vaut ce qu’elle vaut) (9/9)
Alors il hurla :
- Un contrat !
Elle s’immobilisa :
- Comment ?
- Si on rédigeait un contrat sur lequel je
n’aurais pas le droit de toucher un stylo ou d’utiliser un traitement texte
pendant notre relation ?
Elle posa un doigt sur sa bouche, évaluant la
proposition :
- Tu pourrais quand même me harceler après…
- Un article me l’interdirait !
répondit-il du tac-au-tac.
- Comment ferais-tu pour les papiers
administratifs ?
- Tu t’en occuperais…
- C’est chiant ! dit-elle, cassante.
- Je sous-traiterai ! s’écria-t-il en
donnant un coup poing sur son torse. Il doit bien exister des sociétés qui assurent
ce genre de service en ce bas monde !
Elle parut un instant contrariée, de fines
rides apparaissant sur son front. Puis un sourire lumineux chassa la moue
perplexe sur son joli minois :
- Je pense.
Il fit quelques pas vers elle.
Elle en fit autant.
Quand ils furent à portée l’un de l’autre, ils
s’étreignirent très fort.
- Je m’appelle Linda, dit-elle.
Il l’embrassa.
- Moi c’est Christophe.
- Je sais.
Leurs yeux pétillaient.
- Qu’est-ce qu’on fait ? demanda-t-il.
- Si on allait à une terrasse… Pour établir
les clauses…
Il se frappa le front :
- Oui, oui, of course !
FIN
2019/04/11
8. L’ultime chance (8/9)
À la fin de son récit, l’autre tremblotait
des lèvres.
- Ainsi, vous avez couché avec quelqu’un du
service des manuscrits, répétait-il, ébahi.
- Et ça ne facilite rien, au contraire…
- Il a couché avec quelqu’un du service des
manuscrits, déclara-t-il encore à la serveuse qui détourna la tête.
- Ça va ! Pas la peine de le crier sous
tous les toits !
- Mais c’est fantastique ! Vous vous
rendez compte que…
- Que rien ! le coupa-t-il sèchement. Je
ne suis d’ailleurs même pas sûr que la demoiselle travaille ici…
Cela eut pour effet de calmer l’écrivain.
- Oui c’est vrai, reconnut-il un brin sombre,
vous avez raison. Ne nous emballons pas trop vite.
- Vous ! rectifia-t-il, irrité.
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