2019/06/25
Problème (Métroscopie 49)
Sachant que le RER A est en retard de vingt minutes et que le quai est si bondé que les gens sont superposés. Que tout le monde est excédé aussi bien à l’intérieur de la rame qu’à l’extérieur. Qu’au moment de son arrêt chacun la jouera perso et sera prêt à tous les coups bas. Que ceux voulant y entrer n’attendront pas que ceux dedans en sortent. Que les premiers sont au nombre de trois mille neuf et les seconds de deux mille cinq cent soixante treize.
L'attente infernale (Métroscopie 48)
Les regards tournés vers le point d’où devrait surgir le bus qui ne vient pas, les hypothétiques usagers dans l’abri mâchonnent des chewing gums inexistants au parfum disparu qui accentuent leur impatience et leurs grimaces de frustration.
Signifier son mépris au saltimbanque qui pénètre dans la rame (Métroscopie 47)
Extrait 3 du manuel de savoir-vivre dans les transports d’Hugues de la Crêpe
Pour montrer à un saltimbanque qu’il vous importune, la dernière chose à faire est de détourner le regard. Non, il faut le regarder droit dans les yeux afin de lui signifier qu’il entre chez vous, dans votre territoire. En même temps, baillez ostensiblement (attention, ce geste implique une certaine rigueur. Mettre la main gauche devant sa bouche en prenant garde à ce que votre index et votre majeur ne dépassent pas le coin droit de vos lèvres n’est pas suffisant, vous devez également effectuer un mouvement des yeux de gauche à droite puis de droite à gauche deux fois ainsi qu’élever votre menton vers la rangée de sièges opposée à la vôtre en respectant un angle de quarante-cinq degrés). S’il est au fait des règles actuelles de bienséance (ce dont je doute) il ne sortira pas tout de suite son banjo rafistolé de son étui crasseux et vous demandera la permission d’en jouer. Dans ce cas-là (extrêmement rare), dites-lui non et l’affaire sera réglée.
La ligne 5 (Métroscopie 46)
La ligne 5 est trilingue, climatisée et spacieuse, risques fort probables de traumatisme pour ceux qui doivent ensuite continuer leur trajet sur la ligne 4 ou 8.
Tenir la barre (Métroscopie 45)
Extrait 2 du manuel de savoir vivre dans les transports d'Hugues de la Crêpe
Avant toute chose, on ne se précipite pas vers la barre, on effectue un arc de cercle autour avant de s’y arrimer (un minimum de cinq pas doit composer cet arc de cercle. Considérez cette barre comme votre partenaire de valse). D’un coup d’oeil furtif, observez le nombre de mains qui y sont accrochées. S’il est pair, votre main doit se placer sous elles. S’il est impair au-dessus. Attention, on ne met jamais sa main entre celles qui l’empoignent déjà. Faute de goût impardonnable ! Pareillement, on ne sort pas son mouchoir en soie pour nettoyer la barre. L’étoffe sert uniquement à épousseter le strapontin. On enfile ses gants en cuir noir et on saisit l’objet du bout des doigts. L' air dégagé et le menton haut, contemplez ensuite un ciel imaginaire dépourvu de nuage.
Le strapontin (Métroscopie 44)
extrait du manuel de savoir-vivre dans les transports d’Hugues de la Crêpe
Lorsqu’on quitte un strapontin, le retenir de la main gauche avec le pouce, l’index et le majeur, l’essuyer avec son mouchoir en dentelle de sa main droite, ranger le mouchoir dans la poche gauche de son blazer (veiller à ce qu’il ne déborde pas) puis tousser trois fois délicatement dans son poing droit afin de couvrir l’horrible couinement du siège jusqu’à son redressement final. Prendre la sortie par le battant opposé à soi.
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